Découvrez Catherine Etienne, intervenante à la 6e Journée Régionale de l'APMSL

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L’APMSL, avec le soutien de l’ARS et du Conseil Régional des Pays de la Loire, organise le 18 juin 2019 sa 6e Journée Régionale autour d’un thème : la place de l’usager en équipe de soins primaires.

L’objectif de ce colloque est d’échanger sur la place, le rôle et la participation des usagers au sein des équipes de soins primaires, notamment en Maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP), au travers de retours d’expériences, de découvertes et de temps de discussions et de partage.

Catherine ETIENNE, membre fondateur de l’ANDA-DPA (Association Nationale pour le Développement de l’Approche Développement du Pouvoir d’Agir), ouvrira cette journée par une intervention en plénière sur le thème : "La participation des usagers: de quoi parle-t-on ? Quel intérêt ?"

Pour nous, elle s'est prêtée au jeu de l'interview en avant-première...

 

Qu’est-ce que l’association ANDA-DPA et comment en êtes-vous venue à travailler sur le pouvoir d’agir des usagers ?

C. Etienne. Consultante depuis 25 ans, je me suis intéressée dès les années 90 à la question de la place des usagers en les associant systématiquement aux études que je menais, puis en travaillant sur la création d’instances de consultation en établissements sociaux et médico-sociaux.

Pour aller plus loin, j’ai participé en 2009 à la création de l’association ANDA DPA, dont les formatrices diffusent auprès d’institutions diverses "l’approche centrée sur le développement du pouvoir d’agir des personnes et des collectifs" (DPA PC) conceptualisée par Yann Le Bossé. Celui-ci définit ainsi l’empowerment : "un processus par lequel des personnes accèdent ensemble ou séparément à une plus grande possibilité d’agir sur ce qui est important pour elles-mêmes, leurs proches ou la communauté à laquelle elle s’identifie".

La question qui m’anime : comment créer les conditions pour que la participation des usagers leur permette d'accroître leur "prise" sur ce qui leur importe, et de sortir ainsi d’un sentiment d’impuissance ? 

 

Nous parlons d’usagers de soins primaires. Un usager, c’est quoi pour vous ? 

C. Etienne. Il y a autant d’usagers que de modalités d’usage des soins :

  • consommateur de prestations, dont on va évaluer le degré de satisfaction
  • acteur engagé dans l’élaboration de campagnes de sensibilisation et de prévention qu’on va associer pour les savoirs qu’il tire de son expérience de vie
  • acteur concerné par les politiques de soin sur son territoire, qui va s’impliquer dans l’organisation et la gouvernance d’un dispositif…

Plusieurs figures d’usagers, une palette de modalités de contribution, dont il faut tenir compte en écoutant ce qu’ils ont à nous dire de ce qui est essentiel pour eux : donner leur avis, évaluer une prestation d’accueil, contribuer par leurs idées, faire un état des lieux, monter un groupe de pairs, etc. 

 

Pourquoi c’est important de s’interroger sur la place des usagers dans le système de soins primaires ?

C. Etienne. Chaque usager compose avec la maladie de manière singulière, en fonction de son contexte spécifique (famille, territoire, ressources, culture, etc.). L’impliquer dans le système de soins primaires me semble indispensable pour offrir des services adaptés et pertinents. De plus, les maladies chroniques se développent, et les usagers doivent pouvoir "se prendre en main", négocier un mode de vie qui leur convient à partir d’un dialogue avec les soignants, et s’entraider s’ils le souhaitent.

Il me semble que les associations d’usagers, comme ASUD pour les usagers de drogues, ou ADVOCACY pour les usagers de santé mentale, nous montrent l’intérêt de conjuguer les savoirs tirés de leurs expériences avec l’expertise des soignants, pour rendre plus pertinents les dispositifs de soin, et consolider des processus de rétablissement. 

 

Quels sont les principaux enjeux de cette place aujourd’hui ? 

C. Etienne. Une implication plus forte des usagers (à condition que l'on prenne effectivement en compte leurs contributions !)  pourrait avoir les effets suivants :

  • des usagers mieux informés, mieux entendus et donc plus responsables de leur santé
  • des actions de sensibilisation, prévention, promotion, mieux adaptées à la spécificité des publics sur un territoire donné
  • un enrichissement des pratiques des professionnels par cette coopération
  • une meilleure compréhension des contraintes, contextes et enjeux de chaque type d’acteurs
  • l’émergence de nouvelles idées d’actions améliorant le bien-être
  • une dynamique locale contribuant à une amélioration du climat social
  • des professionnels qui (re)trouvent enthousiasme et sens…

 

Retrouvez le programme et les modalités d'inscription à la 6e Journée Régionale