Retour sur la rencontre du 21 mai 2019 avec François-Xavier Schweyer

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Le 21 mai 2019, l’APMSL a organisé à Angers une rencontre entre une quarantaine de professionnels d’équipes de soins primaires des Pays de la Loire, principalement des coordinateurs, et François-Xavier Schweyer, sociologue et professeur à l'EHESP. Le sociologue travaille sur l’articulation entre les logiques professionnelles dans la santé et les politiques de santé publique.

Cet échange a eu pour objet la place et le rôle du coordinateur dans l’équipe, abordés sous l’angle sociologique.

L’émergence d’un nouveau métier

François-Xavier Schweyer a introduit son propos en rappelant que les équipes de soins primaires sont jeunes, en particulier les Maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) apparues en 2007. L’émergence de la fonction de coordination y est récente, ce qui explique en partie la quête de légitimité du métier de coordinateur, la diversité des profils et ses contours encore flous. Par ailleurs, les coordinateurs n’ont pas l’expérience d’autres professions de santé qui s’organisent historiquement depuis des décennies, voire des siècles dans le cas des médecins. Enfin, ils prennent leurs fonctions dans un contexte local et national mouvant, en évolution, ce qui se traduit forcément dans leurs missions, leur rôle, leur place dans l’équipe.

François-Xavier Schweyer a souligné la spécificité des Pays de la Loire : les coordinateurs y sont en grande majorité des professionnels de santé qui dégagent du temps pour cette fonction. Dans les autres régions, il s’agit plutôt d’évolution de postes de secrétariats et d’embauches de managers de proximité. Souvent, le poste de coordinateur de MSP est à temps partiel, et cumulé avec un autre emploi. Les coordinateurs sont en majorité des femmes, à l’inverse des leaders qui sont majoritairement des hommes. Le niveau de diplôme initial est disparate : un tiers des coordinateurs ont un Bac + 5, un cinquième un Bac ou un BEP. 

Les domaines d’intervention des coordinateurs peuvent être rassemblés en trois catégories :

  • Soins, coordination des parcours de prise en charge
  • Gestion et management, administration
  • Gestion de projets de santé publique

Une fonction qui transforme les pratiques

La principale difficulté du métier de coordinateur réside dans le fait qu’il s’agit d’une fonction transformatrice des pratiques en santé. Elle se situe à l’articulation entre les motivations individuelles de chacun des professionnels de l’équipe de soins primaires et les intérêts collectifs de l’équipe constituée. En d’autres termes, elle cherche à rendre compatible les nouveaux modes d’exercice coordonné et les pratiques de soins du secteur libéral des soins primaires. La question de la légitimité est donc un enjeu fort pour cette fonction.

Le coordinateur a notamment pour rôle de faire émerger la collégialité au sein de l’équipe, c’est-à-dire les liens de confiance entre professionnels pour concevoir ensemble et co-produire la prise en charge. Il symbolise également les règles collectives qui s’imposent à chacun, ce qui nécessite que son autorité soit reconnue par les professionnels et que ceux-ci partagent une même interprétation de la réalité. La légitimité du coordinateur se joue sur plusieurs plans : la réglementation et le droit du travail qui s’appliquent à sa fonction, son charisme, son efficacité, le fait qu’il partage les mêmes valeurs que l’équipe, ses apports concrets pour la pratique professionnelle. Son aptitude pour la diplomatie est un point fort dans la réussite de ses missions.

La place du coordinateur varie en fonction des attentes de l’équipe et des leaders. Il peut avoir un rôle d’exécutant et assurer le respect de l’ordre établi. A l’inverse, son rôle de transformation des pratiques peut être pleinement souhaité par l’équipe et se traduire par une fonction d’apport d’innovation et d’impulsion de projets. Entre ces deux pôles, une palette de profils intermédiaires se traduisent par les tâches qui lui incombent. François-Xavier Schweyer a insisté sur l’importance d’en discuter au sein de l’équipe, de l’expliciter et de se mettre d’accord collectivement sur la conception que l’équipe a de la coordination.

Dans un contexte où le cadre est encore incertain et l’évolution du secteur rapide, les coordinateurs sont en quête de reconnaissance et de professionnalisation de leur métier. Cette structuration ne peut se faire sans co-construction avec les « leaders », c’est-à-dire les quelques professionnels qui, dans chaque équipe, impulsent la dynamique par leur implication et leur sens politique.

A PARAITRE

François-Xavier Schweyer prévoit une publication prochaine de ses travaux sur le métier de coordinateur en Maison de Santé Pluriprofessionnelle. 

A LIRE

Schweyer F-X, Vezinat N. (2019), « Écologie des maisons de santé pluri-professionnelles : une gouvernance multi-niveaux », Journal de gestion et d’économie de la santé, 37/1 : 3-10.

Schweyer F-X. (2019), « Les médecins avec l’Etat pour former à la coordination des maisons de santé pluriprofessionnelles. Entre instrumentation et professionnalisation », Journal de gestion et d’économie de la santé, 37/1 : 33-53.

Consultez la synthèse complète de la rencontre du 21 mai 2019 (réservé aux équipes de soins primaires adhérentes à l'APMSL)

 

Partager et échanger entre coordinateurs

Pour soutenir les coordinateurs des Pays de la Loire et leur permettre de partager leurs expériences, l’APMSL propose depuis plusieurs années deux rencontres régionales par an qui leur sont dédiées, d’ont l’une est ouverte également aux leaders. La prochaine Rencontre des coordinateurs se tiendra le 7 novembre 2019 à Nantes et sera ouverte aux leaders des équipes.

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