L'APMSL a organisé sa 8e Rencontre Régionale des coordinateurs et leaders de MSP (Maisons de Santé Pluriprofessionnelles) en visioconférence, le 13 octobre 2020. En prévision de la 2e vague épidémique, la thématique proposée était le COVID-19. Vingt-deux équipes, issues des 5 départements des Pays de la Loire, étaient présentes.
Le secteur des soins primaires face à l’épidémie de COVID-19
Le contexte national
Le Dr Pascal GENDRY, président d’AVECsanté, Médecin généraliste au Pôle Santé du Sud-Ouest Mayennais à Craon (53), a souligné l'effort d'organisation réalisé par les équipes de soins primaires, notamment les MSP, durant la première vague épidémique. Elles ont dû faire face à des défis techniques, logistiques, de ressources humaines et d'approvisionnement en matériel de protection. Il a fallu jongler avec les difficultés d’accès aux soins des patients, se préoccuper des situations des professionnels qui ont été contraints de cesser leur activité, assurer autant que possible la continuité des soins...
AVECsanté a réalisé en 2020 une enquête auprès des MSP et des centres de santé pour mieux comprendre comment les équipes ont fait face à la situation. Il en ressort que les équipes ont été au rendez-vous de la coordination des soins : mise en place de cellules de crise, de protocole d'accueil des patients COVID et non-COVID, de procédures de téléconsultation, de visites à domicile en toute sécurité, mais aussi développement des partenariats. Les atouts des MSP et centres de santé sont leur organisation en équipe et leur expérience pluriprofessionnelle.
A la date du 13 octobre, deux enjeux majeurs émergent pour les professionnels des soins primaires : l'organisation des tests antigéniques en pluriprofessionnalité et celle, prochainement, de la vaccination contre le COVID-19.
Le contexte régional
Le Dr Pierre BLAISE, Directeur scientifique de l’ARS Pays de la Loire, a rappelé l'évolution de l'épidémie depuis l'été 2020 et l'enjeu de la rentrée : une ré-accélération de la circulation du virus, plus particulièrement dans les métropoles et au sein de la jeunesse. La prise de conscience de chacun est en effet freinée par le laps de temps de 2 à 3 semaines qui s'écoule entre une mesure prise et ses effets sur la circulation du virus : les mesures peuvent alors sembler disproportionnées. La communication auprès du grand public est compliquée : l'objectif d'éviter la saturation des hôpitaux est peu visible du grand public, les citoyens ont peur du freinage économique... La sensibilisation des patients est donc cruciale pour un bon respect des gestes barrières et de l'isolement par les porteurs du virus.
Mme Evelyne RIVET, Responsable du département accès aux soins primaires, Direction de l’Offre de Santé et en faveur de l’Autonomie à l’ARS Pays de la Loire, est revenue sur ce qui a été mis en place lors de la première vague épidémique : 75 centres COVID (dépistage et/ou consultation) ont été montés en urgence au printemps pour faire face au potentiel afflux de patients, en parallèle de l'organisation de nombreux cabinets médicaux et équipes de soins primaires.
Le contexte d'émergence de la 2e vague est différent :
- les professionnels ont tiré les leçons de la première vague et ont "rodé" leur organisation pour une meilleure prise en charge
- la téléconsultation s'est développée
- nous avons une meilleure connaissance du virus
- les stocks d'EPI (Equipements de Protection Individuelle) sont disponibles
- la politique de tests à grande échelle est accessible sans prescription obligatoire
La remise en fonctionnement de centres COVID ne semble pas prioritaire, elle sera étudiée si l'offre en soins primaires ne suffit pas à faire face à l'afflux de patients.
Conclusion
Après un temps d'échanges entre les intervenants et les participants à la visioconférence, le Dr Pascal Gendry a conclu cette première séquence.
Cet hiver, les équipes de soins primaires vont devoir répondre à trois enjeux simultanés :
- les épidémies hivernales, notamment celle de la grippe saisonnière
- l’épidémie de COVID-19
- la continuité des soins autour des pathologies chroniques
Les équipes de soins primaires ont des atouts sur les territoires, ce sont des organisations solides, à condition que les pouvoirs publics les soutiennent à la hauteur des enjeux.
Ce que nous avons appris et mis en place durant la première vague
Retour d'expérience national
Le Dr Cécile FOURNIER, médecin de santé publique, Maître de recherche à l’IRDES (Institut de Recherche et Documentation en Economie de la Santé), a présenté aux adhérents de l'APMSL les résultats intermédiaires d'une étude en cours auprès de 6 équipes de soins primaires dans plusieurs régions françaises.
En quoi cette crise met à l’épreuve des organisations comme les MSP ? A quels enjeux sont-elles confrontées ? Qu'ont-elles mis en place pour répondre à ces enjeux ? Comment s'y sont-elles prises ? Autant de questions auxquelles l'IRDES espère répondre prochainement. Les premiers résultats montrent un développement de la solidarité et des partenariats sur de nombreux territoires, accélérés par l'urgence des besoins sur le terrain et facilités par les liens préexistants entre les acteurs en santé. Le soutien des pouvoirs publics ainsi que le déploiement des outils numériques ont également été des facteurs importants de résistance face à la crise.
Retour d'expérience régional
L'APMSL est ensuite revenue sur ce qu'ont mis en place les équipes des Pays de la Loire lors de la première vague et sur ce que l'association a pu leur apporter.
Le contexte du printemps 2020 était particulièrement anxiogène : face à l'urgence de la prise en charge des malades, tous les acteurs ont été pris de court. Méconnaissance du virus, manque d'EPI, afflux d'informations de tous types, manque de coordination et de lisibilité des décisions ont donné du fil à retordre aux équipes. En Pays de la Loire, la vague de patients a été limitée, et le décalage entre la réalité de terrain et les mesures drastiques qui ont été prises au niveau national a pu susciter de l'incompréhension et de l'attente dans les équipes.
Pour faire face, les équipes se sont appuyées sur de nombreux leviers :
- La solidarité dans l’équipe et sur le territoire
- L’organisation avec les partenaires locaux et le soutien réciproque entre acteurs de santé
- Le rôle des coordinateurs d'équipes de soins primaires
- La formalisation de protocoles : circulation et organisation des locaux, procédure d’accueil des patients COVID et non-COVID, etc.
- Les outils numériques : groupes de discussion en direct, téléconsultation, visioconférence, mise à disposition de documentation en ligne…
Les adhérents de l'APMSL ont fait remonter leurs besoins en information, d'abord pour se réorganiser en urgence au moment du premier confinement, puis pour adapter leurs modalités de travail à l'épidémie "en routine" à partir de mai 2020.
L'équipe de l'APMSL a répondu à ces besoins du terrain :
- Mise à disposition d'informations fiables et d'outils pratiques
- Diffusion d'informations par différents canaux (interventions en direct, site web, mailings, LinkedIn...)
- Soutien du partage entre les équipes de la région
- Valorisation du travail des équipes de la région auprès des pouvoirs publics
Consulter la FAQ sur le COVID-19
Consulter les outils COVID-19 de la Boîte à Outils (réservé aux adhérents)
Consulter le Carnet de Bord des équipes
Faire face ensemble à la deuxième vague épidémique
La matinée s'est terminée par une séquence d'échanges entre l'APMSL et ses adhérents sur :
- les modalités de réorganisation des équipes face à la deuxième vague : retours d'expériences, outils...
- les attentes des adhérents vis-à-vis de l'APMSL